L’histoire de la crèche
Les représentations artistiques de la naissance de Jésus datent des débuts de la chrétienté. C’est au 13e siècle qu’apparaissent les premières crèches. Les Jésuites en feront un outil d’évangélisation lors de la Contre-Réforme, au 16e siècle. Elle apparaît ensuite dans les maisons à partir du 17e siècle.
Le 19e siècle marque le début de la « démocratisation » de la crèche;. De nouveaux matériaux et procédés de fabrications rendent alors les prix plus abordables. La crèche va s’acculturer au 20e siècle; des Inuits aux Péruviens aux Polynésiens, les personnages et leur décors prennent des formes empruntées de diverses cultures.
Les débuts (1e-15e siècles)
Les plus anciennes représentations artistiques de la naissance de Jésus datent des 2e et 3e siècles,. Il s’agit de fresques dans les églises. La pratique de commémorer la Nativité le 25 décembre date du 4e siècle, et se répand dans tout le monde chrétien.
Au tournant du millénaire apparaissent les « mystères », des pièces de théâtre sur divers épisodes de la Bible, dont la naissance de Jésus. Des églises ils passent aux parvis puis, à la rue. À la fin du Moyen-Âge, les mystères peuvent durer plusieurs semaines. et compter des dizaines d’acteurs.
Lorsque saint François d’Assise reproduit, selon la légende, la scène de la Nativité lors du Noël de 1223 à Greccio (Italie), il continue une vielle tradition. Sa nouveauté est de le faire dans un cadre « naturel » (une grotte), avec de vrais animaux. L’innovation se répand avec le mouvement franciscain, principalement en Italie et dans le sud de la France.
À ces crèches vivantes viennent bientôt s’ajouter des représentations en bois, terre cuite ou pierre. On facilite ainsi une exposition aux fidèles sur une plus longe période. La plus ancienne crèche non-vivante connue est produite en Allemagne au 13e siècle. Le 15e siècle verra apparaître les crèches mécaniques.
Les crèches baroques et napolitaines (16e-18e siècles)
La crèche telle que nous la connaissons aujourd’hui apparaît au 16e siècle. Les Jésuites sont à l’origine de la fabrication de crèches de dimensions réduites. Leur fabrication est peu coûteuse et elles s’installent et se transportent aisément. Elles sont des outils de catéchèse, dans l’esprit de la contre-Réforme.
À partir de la seconde moitié du 16e siècle, la crèche se répand dans les églises, mais fait aussi son apparition dans les foyers,. Le 18e siècle voit une véritable frénésie de la crèche à Naples. Les nobles, les bourgeois et même la famille royale rivalisent d’ingéniosité avec des crèches élaborées, de caractère baroque. Les meilleurs sculpteurs sont mis à contribution, et les hôtels particuliers ouvrent leurs portes afin de montrer leurs collections. Aux personnages religieux viennent s’ajouter des personnages représentant les profession et la population locale.
Démocratisation et adaptations (19e-21e siècles)
La Révolution française et sa campagne de déchristianisation chassent la crèche des lieux publics. Elle trouve refuge dans les maisons privées en attendant son retour dans les rues et les églises. En Provence, c’est la naissance des fameux santons.
Le 19e siècle amène la production en série des personnages de la crèche, en plâtre peint. Les marchands d’objets religieux, puis les grands magasins les diffusent,. Ceci permet une pénétration dans un nombre grandissant de foyers. Les matériaux se diversifient.
La crèche prend plusieurs formes. Rien de nouveau : des premières crèches aux santons, chaque société européenne avait adapté la crèche et ses personnages à son image. La crèche a suivi les missionnaires et les colonisateurs occidentaux. À leur tour, des artisans aux quatre coins du monde représentent la Nativité à leur manière. Avec la mondialisation des échanges, les crèches d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine côtoient celles d’Europe et d’Amérique du Nord. La crèche prend toutes les formes, du traditionnel au moderne.
Même la culture populaire s’en mêle : Peanuts, saint Joseph prenant un « selfie », les Simpson, Star Wars, les Klingons… Nous sommes loin de Greccio.